SECTEURS SPÉCIFIQUES

Centre de détention, Hôpital psychiatrique, Restaurants du coeur, Hôpital Edouard Herriot, Maison des adolescents, IME - Institut médico-éducatif (enfants), ITEP - Institut thérapeutique éducatif et pédagogique (enfants), PLIE - Plan local pour l’insertion et l’emploi.

CENTRE DE DÉTENTION

J’ai réalisé plusieurs projets dans un établissement pénitencier.

Ces initiatives ont été financées et soutenues par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) et le Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon.

Le public était constitué de détenus condamnés à des peines lourdes.

Les actions menées:

ateliers de théâtre et d’écriture avec à l’issue des représentations à l’intérieur de l’établissement (collaboration avec l’Espace Pandora). Nous nous sommes inspirés de ma pièce autobiographique « J’attends de tes nouvelles - Aspetto tue notizie » , que j’ai écrite à partir d’un échange épistolaire avec mes parents sur une période de douze ans, et également en puisant sur différentes sources littéraires et poétiques.
ateliers de danse-théâtre avec à l’issue des représentations à l’intérieur de l’établissement (en collaboration avec deux chorégraphes). Le parcours a été effectué en deux temps: —> par un travail approfondi sur l’expression de soi, en développant ses propres capacités corporelles, émotionnelle, créatives et d’improvisation;

—> découverte et application de l'écriture spontanée, en partant du rapport épistolaire, des oeuvres de plusieurs auteurs et de l’approche de l’espace et du corps par la danse. Les textes et le travail chorégraphique ont été ensuite adaptés et transposés en forme théâtrale.

Les détenus ont pu repousser leurs limites, en découvrant la possibilité de traduire par des mots écrits et par le jeu scénique leurs ressenti, leur relation au corps (le leurs et celui des autres) et leurs réflexions sur eux-mêmes et leur réalité.

Je n’ai pas instauré une relation de complaisance ni de compréhension amicale en milieu carcéral. J’ai mis à disposition des outils très concrets et puissants qui permettent d’évoluer à tous ceux qui sont déjà prêts à avancer, malgré un passé lourd et des perspectives extrêmement complexes.

HÔPITAL PSYCHIATRIQUE

Je suis intervenu auprès d’un groupe de patients de l’Hôpital psychiatrique Le Vinatier, en collaboration avec le Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon. Les participants avaient de troubles importants, des pathologies diverses qui les avaient emmenés en dehors d’une vie sociale reconnue comme « normale ».

Nous avons monté et présenté au public deux spectacles par an pendant trois ans. L’expérience a été pour nous extrêmement forte. Les outils du théâtre ont permis à chacune et à chacun de rentrer en contact avec l’extérieur de manière ouverte, en étant dans une expression personnalisée, prenant en compte les blocages et les peurs accumulées souvent pendant plusieurs années. Cela m’a obligé à adapter sans cesse ma pédagogie et mon attitude personnelle. Il a fallu trouver un juste équilibre entre mon implication affective profonde et une distanciation indispensable à la réussite du projet. J’ai instauré avec les patients un rapport de confiance. Ils ont pu sentir que je mettais à leur service mon bagage tout en étant en recherche permanente avec eux dans l’instant présent, sans que l’on soit enfermés dans une codification purement médicale ou même uniquement théâtrale. Les résultats ont été très étonnants. Sans avoir aucune prétention de soin thérapeutique, on a réussi à atteindre des réalités à première vue trop éloignées de nos objectifs. L’utilisation de personnages, de situations clownesques, de la musique, de la danse et de l’écriture a libéré le potentiel du groupe et les participants eux-mêmes ont été étonnés de leurs propres possibilités, en recevant la reconnaissance d’un public qui a partagé et validé en direct ces découvertes.

Cette période a été pour moi très importante, en tant que formateur et être humain. Elle a déterminé une grande partie de la construction de ma méthode pédagogique, que j’ai développée dans des cadres très différents au cours des années suivantes.

MDA - MAISON DES ADOLESCENTS

La Maison des adolescents, qui s’occupe d’adolescents en difficulté et également de leurs familles, m’a proposé de travailler avec ses intervenants, afin d’améliorer et développer la communication interne, l’esprit collaboratif et les échanges de compétences. Le public auquel cette structure s’adresse est complexe et la pression est forte pour celles et ceux qui gèrent au quotidien des situations tendues et parfois des réactions extrêmes. Il est très important de prendre soin des accompagnants, en les aidant à maitriser des outils pour se recentrer et être assertifs tout en gardant l’empathie et l’écoute. Nous avons effectué un parcours en groupe, ce qui a permis en même temps de renforcer l’esprit d’équipe et de se rencontrer autrement en dehors des activités quotidiennes.

IME (Institut médico-éducatif)

ITEP (Institut thérapeutique éducatif et pédagogique)

J’ai effectué plusieurs interventions au sein d’établissements spécialisés pour enfants et adolescents atteints de handicap mental, de différents troubles de comportement, moteurs et sensoriels.

Les enfants n’ont pas de filtre et on reçoit tout ce qui les traversent. Il a fallu développer une approche très spécifique, adaptée à des réactions souvent très inattendues et toujours liées à des raisons concrètes, même si pas forcément visibles ou repérables dans l’immédiat. La collaboration avec les intervenants a été très enrichissante et indispensable pour comprendre des situations qui ne sont que la pointe de l’iceberg. Nous avons monté des formes théâtrales jouées dans les établissements. Cela a permis aux enfants de canaliser leurs énergies dans un domaine à la fois très physique, créatif et rigoureux. Je retiens de cette expérience la recherche de la liberté dans la contrainte. Les enfants s’expriment avec leur tripes et parfois c’est extrêmement difficile de leur donner un cadre. L’expression artistique crée une zone privilégiée dans laquelle ils peuvent s’auto-responsabiliser vis-à-vis d’un rendu commun et individuel sans se sentir « obligés ».

PLIE - Plan local pour l’insertion et l’emploi

J’ai concrétisé un parcours assez intense avec un groupe d’adultes en démarche de ré-insertion. Les raisons qui excluent d’une dynamique de travail peuvent être nombreuses: situation familiale complexe, économie qui dégringole, santé, accidents, niveau d’études, difficultés d’intégration…

Une personne qui n’est plus investie dans une activité régulière a tendance a perdre confiance en elle-même et en ses capacités, elle s’enferme également dans une grande solitude. Cela engendre une spirale qui provoque souvent une attitude passive, dispersée et fataliste.

Nous avons travaillé sur l’énergie, la recherche de différentes sources à l’intérieurs de chacune et de chacun et aussi sur l’esprit de collaboration. Il est extrêmement important de re-valoriser, dans ces cas, la communication et la possibilité d’être à la fois inspiré(e) et inspirant(e). En reconnaissant nos propres qualités on peut envisager à nouveau d’avoir une place dans un monde de productivité. Le passage par le côté ludique, qui allège les problématiques, et le partage avec d’autres femmes et hommes ayant une problématique similaire, permettent de se sentir épaulés et de creuser un nouveau chemin. L’expérience a été très touchante et en même temps utile dans la mesure où une bonne partie du groupe a pu retrouver ensuite un emploi.